On a tous été élevés dans une société monogame, avec des dessins animés qui montrent des princes et des princesses qui « vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». On a tous ressenti ce malaise d’avoir la vague – ou la nette – impression que quelque chose ne tourne pas rond au pays du couple hétéronormatif. Et pour certains d’entre nous, y réfléchir longtemps, longtemps, nous a éventuellement menés au polyamour.
Libération ! Enfin, un modèle amoureux qui me ressemble ! Des valeurs qui correspondent aux miennes ! Un chemin de vie qui reflète mon ressenti profond et me permet d’être pleinement moi-même ! Et dans l’enthousiasme d’avoir, après tant de réflexion, découvert une communauté qui valorise nos besoins en matière de relations multiples, on va peut-être parfois un peu trop loin…
Déprogrammer le monogame en soi
De toute évidence, nous travaillons très fort pour extirper les racines et ramifications de la socialisation mononormative de notre psyché. Au point oû l’on peut perdre de vue que la monogamie demeure un chemin de vie tout à fait valable, voire idéal, pour d’autres. On passe tous une phase où l’on se démène tellement pour se déprogrammer de nos a priori sur l’amour unique et ultime, l’amour avec un grand A (clin d’œil à Patrick Lévesque et à son super blogue l’Amour avec plusieurs A), qu’on devient hypercritiques de tout ce qui est monogame.
Certes, cette phase est normale. On ressent le besoin de se positionner fermement dans notre nouvelle identité de polyamoureux. De plus, on fait parfois face à des critiques véhémentes de la part des gens qui ne comprennent pas cette transformation. On peut vivre du rejet de la part de nos proches, ou la peur du rejet si on est encore dans le placard. Et on s’en protège en étant sur la défensive, prêt à énumérer les mille et unes raisons qui font qu’être polyamoureux, on trouve ça tellement mieux qu’être monogame.
Malheureusement, je constate avec déception qu’une proportion importante des discussions sur les sites polyamoureux consiste en chialage gratuit contre les monogames. Je nous invite collectivement à repenser nos conversations à ce propos. Il y a une marge entre exprimer notre processus personnel de croissance hors des mythes et postulats de la monogamie, et tomber dans la critique et le dénigrement de ceux qui ne partagent pas, comme nous, un émerveillement pour la liberté offerte par le polyamour.
Respect de la différence
C’est pourquoi je nous invite à prendre le temps de nous demander si on est seulement dans une petite phase normale de rébellion contre notre passé de monogamie forcée, ou si nous nous éternisons dans une critique contre tout ce qui a trait à la monogamie ?
Suis-je en affirmation de mes propres choix, ou en dénigrement du choix des autres ?
Est-ce que j’accorde aux monogames le même respect de leur orientation amoureuse que j’aimerais qu’ils accordent à ma propre orientation ? Ou suis-je en train de perpétuer le cycle vicieux du jugement d’autrui ? Par ailleurs, est-ce que j’accorde autant de valeur à la vie de couple des gens monogames, ou suis-je en train de porter des jugements sur leur « manque d’ouverture d’esprit ».
Il n’y a pas « nous » et « eux »… Nous sommes tous, monogames et polyamoureux, en quête de l’amour et du bonheur. Nous partageons tout ce besoin d’aimer et d’être aimé qui fait de nous des humains avant tout.
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