Marie-Claude L'Archer - Le blogue

Privilège de couple : l’article qui ne veut pas s’écrire

par | Avr 17, 2019 | Métamours | 0 commentaires

J’ai besoin de votre aide. Ça fait longtemps que je me dis que je dois toucher un mot sur le privilège de couple.

J’ai été polyamoureuse pendant facilement quatre ans avant d’entendre parler du privilège de couple. Mais même sans avoir entendu le mot, quelque chose à l’intérieur de moi commençait à comprendre, lentement mais surement, que certaines façons d’appliquer une hiérarchie dans les relations pouvaient s’avérer plus saines que d’autres. J’ai été des deux côtés du privilège de couple, tantôt la personne qui l’imposait à d’autres, tantôt la personne qui se faisait imposer les privilèges d’autrui.

Une partie du problème avec écrire un article sur le privilège de couple, c’est qu’il faut expliquer ce que c’est… et y donner une définition implique qu’on en comprend les limites et les implications éthiques. Ce qui n’est pas mon cas. Plus j’y réfléchis, plus la question devient vaste et je me retrouve avec un article absolument monstrueux et pas lisable (euh, illisible serait un mot qui ferait beaucoup plus honneur à la langue française, mais qui dit ça, illisible?)

Le privilège de couple, c’est quoi ça?

En gros, le privilège de couple, ce sont les trucs que certains couples vont faire afin de préserver leur relation quand ils s’ouvrent au polyamour. À priori, il n’y a rien de mal à vouloir préserver une relation à laquelle on tient. Donc on pourrait dire qu’il n’y a pas de problème avec le privilège de couple.

Mais il y a parfois – souvent – invariablement – des choses que l’on fait pour préserver certaines relations qui vont mettre les autres relations et les autres partenaires dans des situations intenables. Tôt ou tard, quelqu’un va avoir mal à cause des décisions qu’on prend, mais on les prend quand même. Comme si le bien-être de certains partenaires n’était pas super important. Tant que mon couple tient la route, le reste est secondaire. D’ailleurs, c’est assez parlant lorsque quelqu’un utilise ce mot: « partenaire secondaire ». On subodore déjà que quelqu’un se sentira traité comme « objet jetable » tôt ou tard. Du coup, certains considèrent que le privilège de couple n’est pas éthique, car il part du principe qu’on entre en relation avec une quantité de pouvoir intrinsèquement déséquilibrée. Une personne n’aura pas son mot à dire, ou très peu, sur comment sa relation amoureuse se déroulera, ou jusqu’où ladite relation pourra se développer (J’ai abordé la question des jeux de pouvoir dans les relations qui peuvent résulter en jalousie au chapitre 5 de mon livre Compersion: Transcender la jalousie dans le polyamour). 

Mais comme toujours, entre tout noir et tout blanc, il y a plein de nuances de gris, sans mauvais jeux de mot. Où est la mince ligne entre protéger une relation qu’on a déjà, ce qui est sain, et dépasser les limites de la décence humaine en traitant une personne comme si ses émotions ne comptaient pas?

Et bien sûr, quand on consulte le web, on a autant de réponses différentes qu’on a de blogueurs, de podcasteurs et de youtubeurs… Quelles sont vos meilleurs réponses? Quel est votre vécu personnel en la matière? Et votre opinion?

Affectueusement,

Hypatia

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Thème : Général