Lorsque je parle de besoins fondamentaux, j’aime bien utiliser cette classification en 6 besoins, empruntée au coach de vie Tony Robbins :
- Certitude-sécurité : Dans sa version la plus fondamentale, c’est la certitude de pouvoir éviter la souffrance. Mais on espère également avoir la sécurité d’un certain bien-être. Notamment la sécurité dans nos relations importantes. Notre niveau de sécurité a notamment un impact majeur dans notre capacité à éprouver un sentiment de compersion plutôt que de nous noyer dans la jalousie. Nous y reviendrons plus loin.
- Variété-nouveauté : On sait comment fonctionne l’humain : dès qu’il y a trop de certitude et de sécurité dans notre vie, on s’ennuie ! C’est là qu’entre en jeu le besoin de variété. Le besoin d’être étonné, surpris, stimulé par la nouveauté.
- Amour et connexion : Que ce soit à travers les relations amoureuse, l’amitié, les liens familiaux, l’amour et la connexion peuvent prendre plusieurs formes : complicité, connexion intellectuelle, sexualité, etc.
- Importance : Le besoin de nous sentir spécial-e, d’être quelqu’un qui compte, de ne pas être juste n’importe qui ni d’être comme tout le monde. Le besoin de se démarquer, d’être important-e pour nos amoureuses et amoureux.
- Croissance : Le besoin de grandir, d’apprendre, de se développer, l’actualisation de son plein potentiel, l’acquisition de nouvelles compétences et habiletés.
- Contribution : Aider, soutenir, écouter, travailler dans le but de rendre le monde meilleur.
Besoins fondamentaux et Connaissance de soi
La théorie des besoins d’Anthony Robbins a, de toute évidence, des ressemblances avec la pyramide de Maslow. Mais l’avantage de celle utilisée par Robbins est qu’elle ne hiérarchise pas ces besoins selon un ordre pré-établi. Au contraire, Tony invite les participants de ses séminaires à une introspection consistant à mettre en ordre, de 1 à 6, les besoins fondamentaux, afin de déterminer lesquels sont les plus importants pour eux. Je vous invite d’ailleurs à le faire immédiatement, avant de poursuivre votre lecture !
Bien entendu, chacun d’entre nous a besoin de satisfaire aux 6 éléments afin d’être heureux. Mais chaque individu a des priorités qui lui sont propres en matière de besoins fondamentaux, en vertu desquelles il agira dans sa quête du bonheur. En quoi pensez-vous qu’une personne ayant pour priorité la sécurité se comportera différemment d’une personne qui a pour priorité la variété ? Comment imaginez-vous qu’une personne qui place son importance personnelle au-dessus de tout le reste agira-t-elle différemment d’une personne qui place la contribution au sommet de sa pyramide personnelle ?
Se connaître soi-même, être conscient de se propres priorités, et de celles des gens qui sont le plus proches de nous, a un impact considérable sur la compréhension que nous avons de nos propres agissements, choix de vie, et des jugements de valeurs que nous posons sur nos actions et ceux des autres. Dépendamment des contextes, des milieux sociaux, des types de professions, certaines valeurs seront plus proéminentes que d’autres. Vos priorités en matière de besoins fondamentaux sont-elles en adéquation avec les valeurs dominantes de votre milieu social, ou se heurtent-elles constamment avec celles-ci ?
Besoins fondamentaux et Relations polyamoureuses
Il va de soi que nos relations interpersonnelles et en particulier nos relations amoureuses contribuent à notre degré de satisfaction ou d’insatisfaction dans chacun de ces besoins fondamentaux. Dans le polyamour, il est notable que chaque partenaire répondra à des degrés divers à chacun de ces aspects, puisque chaque personne est différente et apporte quelque chose d’unique dans notre vie.
Lorsque nous ressentons le besoin de comprendre mieux notre/nos relation(s), il peut être utile de commencer par une évaluation de comment la personne (ou la relation) répond à chaque besoin. Un moyen simple est de donner une note de 1 à 10 pour chaque besoin, et d’ensuite élaborer en donnant des exemples ou des détails à ce sujet. Le but n’est pas de savoir si la relation passe ou échoue comme s’il s’agissait d’un test, mais d’éclairer les aspects sur lesquels la relation est peut-être en difficulté, et de voir ce qu’on peut faire pour y remédier.
Une telle évaluation ne sert pas seulement à identifier les points faibles d’une relation : Elle peut également servir de point de départ pour manifester notre appréciation envers notre partenaire. Par exemple, au lieu de dire « je t’aime » pour la millième fois, il est possible d’exprimer à une personne que vous appréciez le sentiment de sécurité que cette personne vous procure dans le cadre de votre relation. Ou encore, de dire à votre chum/blonde que vous êtes heureux de la nouveauté qu’il/elle apporte dans votre vie. Ou de remercier une personne de participer à votre croissance personnelle… N’importe quelle apport de votre partenaire au sujet de vos besoins fondamentaux peut faire l’objet d’un compliment ou d’un remerciement.
Besoins fondamentaux et Rupture amoureuse (ou transition)
Au moment d’une rupture ou d’une transition, le sentiment de perte peut être accablant. Il peut être particulièrement difficile d’identifier précisément comment agir sur ce sentiment de perte. « Je dois l’oublier » est un objectif assez vague, et même si le temps finit souvent par bien faire les choses et que la douleur s’estompe, il est tout de même utile de savoir que la théorie des 6 besoins fondamentaux peut nous éclairer quelque peu.
Tout d’abord, il faut comprendre qu’une personne, une activité, une chose ou une croyance qui répond à un haut degré (une note de 7 sur 10 ou plus) à au moins 3 de nos besoins fondamentaux deviendra une « addiction ». On sentira qu’on a « besoin » de cette chose ou cette personne – dans la vie, il y a peu de choses dont on ait tellement besoin que notre vie en dépende pour vrai – mais on peut le ressentir comme tel en dépit de la réalité. Pour certaines personnes, ce qui remplira aussi efficacement ces besoins sera un vice, comme l’alcool ou la drogue, ou un comportement malsain plus bénin, comme de se gaver de malbouffe, ou de perdre un nombre infini d’heures devant l’ordinateur. Pour d’autres, la religion apporte tant de certitude, de nouveauté, de sentiment d’importance, de connexion, de croissance et de contribution qu’il leur est absolument impossible de s’en défaire, même au moment où des doutes font surface quant à l’authenticité des dogmes professés, car le vide laissé en matière de besoins fondamentaux serait un trop grand défi à leur psyché.
Pour la plupart d’entre nous, toutefois, la source la plus importante de gratification en matière de besoins fondamentaux réside dans les personnes qui font partie de notre vie, et tout particulièrement les personnes dont nous sommes amoureuses. Ces personnes répondant souvent à plusieurs besoins à un niveau élevé, nous sentons que nous avons « besoin » de ces personnes. On a beau savoir dans la partie rationnelle de notre cerveau que personne n’est irremplaçable, qu’un jour cette rupture sera un mauvais souvenir comme un autre, nos émotions, elles, s’entêtent à répéter ces phrases insipides qui sont la matière de toutes les chansons d’amour populaires : « Je ne peux vivre sans elle ! » et autres affirmations du même acabit. Lorsqu’une personnes qui compte beaucoup sort de notre vie, évaluer spécifiquement quels besoins sont touchés permet d’agir de manière plus consciente. Par exemple, si Clio répondait de manière importante à mon sentiment d’être importante, mon sentiment de connexion, et mon sentiment de croissance, je peux me demander quelle autre source de satisfaction de ces besoins peut être envisagée, maintenant que je ne peux plus compter sur sa présence pour y répondre.
En conclusion
Les 6 besoins fondamentaux font partie de ces outils de connaissance de soi et des autres qu’il est utile d’avoir dans son « coffre à outils » de polyamoureux. On n’est jamais trop équipé pour faire face au défi de l’amour pluriel. Si cela vous a été utile, n’hésitez pas à me laisser vos commentaires !
Affectueusement,
Hypatia