J’ai envie de vous raconter une histoire.
C’est tout léger, c’est naïf, c’est de la crème fouettée.
Il y a un peu plus de 5 ans je commençais une relation qui allait durer 2 ans et qui deviendrait, en date du 17 décembre 2019, ma seule relation poly à ce jour.
Et pas parce que l’idée ne m’intéresse plus, ou que j’ai remis les pieds dans l’église monogame, juste – ça a été difficile. La majorité d’entre vous savez comment ça peut être difficile, j’en suis sûr.
On avait les valeurs aux bonnes places. On avait l’honnêteté, l’amour, la sensibilité. Mais si le cerveau a compris, le coeur, lui, se tournait peut-être les pouces pendant la leçon. C’est difficile de désapprendre.
Au tout début de notre relation, j’étais sorti un soir. Avec des amis, à un show. Ou un rave? Je ne sais plus, mais c’était planant. À ce moment, on s’était entendus tous les deux: on souhaitait le polyamour, on souhaitait l’exploration, briser les barrières. Et quand on a l’autre en face de soi, c’est facile d’oublier que les barrières ne se briseront pas toujours ensemble. Mon amoureuse n’était pas sortie avec moi ce soir-là.
J’ai rencontré quelqu’un, l’amie d’un ami – ou était-ce plutôt ses mains? – sous la grande couverture de la musique. La MDMA m’enseignait que la circulation d’énergie entre les doigts de deux individus, c’était peut-être aussi ça embrasser.
Et elle me regarde dans les yeux, et elle dit:
« Tu touches bien ».
Avec le sourire, pas d’une personne qui veut me dévorer dans le respect des traditions pornographiques, mais plutôt le sourire de celle qui apprécie la sincérité du toucher.
Je pense qu’il est là, pour moi, le polyamour. D’accepter l’amour. L’amour qui surgit, qui vient et qui va. De ne pas l’étouffer, de le laisser faire son travail et d’avoir la clémence de le reconduire à la porte pour lui dire au revoir.
Dans le petit et dans le grand. Dans le toucher ou la pénétration, dans le regard ou la déclaration, dans le goûter – ou dans la construction.
Et alors que parmi la foule je ressentais la fibre d’une intimité, mon coeur s’est mis à vibrer pour une autre que celle qui était devant moi.
Mon amoureuse. Qui était à la maison. Et qui me permettait de vivre ce que j’étais en train de vivre. C’était grâce à elle que mes sentiments se levaient enfin de leur chaise.
À ce moment, je l’aimais. Ah, mon Dieu, que je l’aimais. Je lui priais merci. Toute cette humidité, cette chaleur dans la salle, ce n’était pas celle des danseurs. C’était la mienne. C’était des années d’intuitions refoulées qui se permettaient enfin de dire:
Oui.
Le lendemain, elle était en tabarnak. Mon amoureuse.
Je ne pouvais pas y croire. Comment ne pouvait-elle pas percevoir la pureté de ce que j’avais vécu? Comment ne pouvait-elle pas sentir que mon amour pour elle n’avait que grandi? Comment –
Comment est-ce que les deux années qui suivirent ont pu être aussi difficiles?
Et douloureuses? Et confrontantes? Et insécurisantes?
Pourquoi l’amour – hey, oh, l’Univers, c’est à toi que je parle – pourquoi l’amour ne peut-il pas être suffisant?
J’ai toujours espoir qu’il peut l’être. Parce que quand je repense à cette relation, et quand je pense au polyamour, c’est à cette soirée-là que je pense.
Au bout des doigts.
À l’amour que j’ai ressenti.
À la paix dans mon coeur.
La paix dans mon esprit.
♥️