Le consentement a fait couler beaucoup de cyber-encre dans les derniers, mois, notamment grâce à des métaphores à propos de tasses de thé que l’on offre, mais qu’on ne peut forcer l’autre à boire. La simplicité extrême de l’image ainsi proposée met en lumière l’un des problèmes de notre socialisation : nous avons fait du consentement quelque chose de bien trop compliqué.
Une socialisation déficiente
Notre socialisation ne nous pousse pas à nous demander si nous voulons ou non avoir un contact rapproché – qu’il s’agisse de sexe torride ou d’une simple accolade amicale – mais nous dicte plutôt que nous devons « être gentils ». Nous respectons donc des codes de conduite contraignants et acceptons, ou plutôt tolérerons des contacts physiques dont nous n’avons pas envie.
Si les adultes font les frais de la nécessité d’être poli et de faire bonne figure, ce n’est rien en comparaison de ce qu’on impose aux enfants, qui sont au quotidien les otages d’une socialisation qui en fait les objets de tout un chacun qui a envie de leur faire des bisous et des câlins : « oh qu’il a grandi !!! », « viens donner un bec à mononc’ », « viens t’asseoir sur mes genoux ». Souvent, ils n’ont pas envie de proximité physique avec des gens qu’ils ne connaissent ou n’apprécient peut-être pas. Ou n’en ont juste pas envie tout de suite là. Mais… est-ce qu’on leur demande leur avis ? Et lorsqu’ils le donnent en dépit de nos efforts de parents pour leur apprendre à être polis plutôt qu’à être authentiques (!!!), le respectons-nous ?
Chaque câlin ou bisou forcé est une agression bénigne qui, à force de répétition, tue en nous toute capacité à reconnaître nos limites et à les faire respecter.
On se demande ensuite pourquoi on vit dans une société ou l’on a de la difficulté avec la notion de consentement… On se demande également pourquoi on se sent si mal en tant qu’adulte de refuser des contacts physiques et des relations sexuelles quand on n’en veut pas. Et pourquoi on ne sait pas comment accueillir le refus de l’autre ni pourquoi un « non » est perçu comme un rejet. Notre éducation fait de nous des incompétents du consentement.
Faire mieux
Certains parents avant-gardistes osent défier les conventions sociales en encourageant à leurs enfants à décider eux-mêmes les marques d’affection auxquelles ils consentent. Le témoignage de Lydia, mère d’un garçon de 6 ans et d’une fillette de 3 ans, est révélateur de ce à quoi ces parents s’exposent en enseignant l’autonomie corporelle à leurs enfants. Elle a du se porter à la défense de ses enfants lorsque les grands-parents réagirent mal à un refus : « Tu me donnes pas de bisou ? T’es donc bein pas gentille ! », « Ça fait de la peine à Mamie ». Étrangement, dans ces situations, ce sont les adultes qu’il faut éduquer !!
Le consentement devrait être quelque chose de simple : si je veux, je dis oui, si je ne veux pas, je dis non. Dans le doute, mieux vaut dire non, pour plus de sécurité, quitte à changer d’avis par la suite. Un oui ou un non n’est pas coulé dans le béton et je suis libre de changer d’avis dans cinq minutes si je me sens différemment.
Cessons d’être polis et (re)devenons authentiques ! Reconnections-nous à notre baromètre intérieur. Et surtout, cessons d’amputer les enfants de cette belle authenticité qu’ils ont sous prétexte de ne pas vexer les adultes. Ils ont déjà en eux la compétence, que nous avons perdue au fil de notre « éducation », de ressentir leurs « oui » et leurs « non ». Ne leur gâchons pas cette inestimable aptitude à mettre leurs limites. Au contraire, prenons exemple sur eux ; laissons-les nous enseigner le consentement et le refus sans emballage, sans façade et sans excuse.
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