Quand les enfants nous mettent au pied du mur avec leurs questions
Hier, je parlais de l’amour avec mes deux cocos (garçon 12 ans, fille 10 ans). Bien vite, leurs questions m’ont mis dans la position où, soit je bullshitais, soit je leur avouais que n’étions plus en monogamie exclusive. Lorsque Pauline est arrivée du boulot, nous nous sommes mis d’accord de ne pas les laisser sur une impression fausse et erronée et leur expliquer notre mode relationnel.
Nous avions déjà convenu qu’un jour nous leur en parlerions, mais nous attendions le bon moment. Quel est le bon moment?? Bien, il parait que c’était hier!
Alors nous revenons un peu sur la fameuse question qui m’avait placé dans le coin. On parle de la monogamie, de l’exclusivité, comme quoi d’autres ont ce modèle relationnel, mais que non, nous, on ne fonctionne pas sur ce modèle-là. Au fur et à mesure qu’ils réalisent de quoi nous parlons, s’installe un petit malaise… ils posent plusieurs questions.
On leur a bien dit qu’ils n’avaient pas à être gênés de poser tout les question qu’ils voulaient, mais que nous n’avions pas l’obligation de leur répondre sur ce que nous trouvions trop indiscret
(ou que nous nous donnions le droits d’y réfléchir et de revenir plus tard).
Donc fillette, complètement excitée, pose plein de questions. À deux, ils découvrent facilement qui est en relation avec Pauline et déclarent : c’est le Colonel Moutarde, dans la salle de bain avec le tuyau de plomb !
Des questions très existentielles s’ensuivent:
Q : Est-ce que ça veux dire que colonel moutard fait partis de la famille?
R : Non, le Colonel Moutarde n’aura pas sa chambre dans le sou-sol et ce n’est pas votre « beau-père » .
Q : As tu embrassé le Colonel Moutarde ?
R : Oui. (Avec petite pensée partagée entre les parents: ohhh que t’es loin du compte ma cocotte, si tu penses qu’il ne se sont qu’ embrassés…)
Q : Et toi papa, tu a une « Colonelle Moutarde » ?
R : Pas pour le moment. J’ai beaucoup d’amies avec qui j’ai de l’affection, de la tendresse et avec qui je partage différents niveau d’intimité, mais personne que je pourrais appeler vraiment « une amoureuse »
Q : Est-ce que tu va nous le dire si tu en a une?
R : Pas nécessairement, on verra avec le temps, l’importance que cette personne prendra dans ma vie, si vous la connaissez ou pas…
Très important aussi : les « non-questions »
Il y a aussi les questions qui n’ont pas été posées, du genre : « Si vous avez d’autres amoureux, ça veux dire que vous ne vous aimez plus? Que vous allez vous séparer? »
Tout ça pour dire qu’à part quelques rougeurs aux joues et des petits rires question de libérer un peu la tension, ils ont accueilli ça comme des champions, de façon très mature. Sûrement beaucoup mieux que plusieurs adultes à qui je pourrais penser en parler.
Donc cocotte qui conclut tout ca par un philosophique : « on est un soir de semaine et là je comprends toute ma vie!! » (Pauline et moi morts de rire !!!)
Au câlin pré-dodo, elle me confie qu’elle est très contente qu’on est parlé de tout ça! Coco s’exprime moins, mais je sens qu’il comprend plus les tenants et aboutissants de cette révélation, mais ne semble pas s’inquiéter pour autant.
… Et donc oui, même si nous avons décidé de nous assumer pleinement et naturellement devant nos enfants, nous avons du leur dire que tout le monde autour n’a pas à être mis au courant, car les gens ne comprennent pas encore bien ce mode relationnel non-conventionnel. Même que plusieurs le jugent sévèrement, voire le dénigrent. Nos enfants font maintenant partie du cercle des privilégiés en qui nous avons assez confiance et à qui nous avons décidé de révéler notre « non-normalité » (comprendre ici « norme » comme étant la pratique du plus grand nombre).
Ouffff!! Quelle soirée!!
Paul et Pauline
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