Si l’on envisage l’homosexualité masculine en Grèce ancienne, on aurait tendance à croire que cette société était plus ouverte d’esprit que la nôtre en matière de droits des gais. En effet, on considérait naturel qu’un homme soit amoureux d’un autre et personne ne voyait d’un mauvais œil lorsqu’une amitié profonde entre deux hommes trouvait son expression à travers la sexualité.
L’amour entre deux hommes était considéré comme la forme la plus élevée qui existait. Venait ensuite l’amour entre un homme et une femme et enfin, l’amour entre deux femmes, qui est d’ailleurs très peu documenté. D’une part, les femmes autrices étaient moins nombreuses à mettre sur papyrus les détails de leurs relations amoureuses. D’autres part, on jugea par la suite ces textes sans intérêt ou trop scandaleux pour les recopier.
Homosexualité masculine et codification sociale
L’acceptation sociale de l’homosexualité chez les Grecs anciens masque toutefois certains éléments qui la rendent très différente de l’homosexualité masculine telle que nous l’envisageons aujourd’hui. Tout d’abord, les rôles des protagonistes au sein de la relation étaient très codifiés du point de vue de l’amour, du désir, et du désir de plaire.
Une relation entre deux hommes impliquait le plus souvent un homme plus jeune qu’on initiait à la vie sociale et politique de la cité et un homme plus vieux qui lui servait de mentor. Le sentiment amoureux et le désir sexuel ne devaient être manifestés que par l’homme plus âgé envers le plus jeune. L’expression d’un désir de la part du plus jeune homme envers son mentor aurait été déplacée. Celui-ci se devait plutôt de démontrer son affection envers son amant à travers un empressement à lui plaire et une volonté de satisfaire ses désirs.
Chacun avait donc un rôle dévolu et il n’était pas question d’en déroger, au risque de devenir un objet de désapprobation.
Les codes sociaux étaient tout aussi stricts quand aux rôles respectifs des amants au moment des relations sexuelles. L’action ne se déroulait pas selon l’envie du moment, mais en tenant compte de la hiérarchie inhérente à la relation. L’homme plus âgé était considéré supérieur au plus jeune. Ainsi, l’ordre « normal » des choses voulait que la personne « supérieure » soit celle qui pénètre et la personne « inférieure » soit pénétrée. Car on considérait être pénétré comme un rôle « féminin », une pensée dualiste qui perdure encore de nos jours. Si la personne supérieure était pénétrée par la personne inférieure, cet acte inversait l’ordre « naturel » des choses et constituait une perversion.
Pas si libres que ça, finalement
Si les hommes avaient la liberté de vivre leur amour, ils n’avaient néanmoins pas, comme aujourd’hui, la latitude de déterminer eux-mêmes quelle forme allait prendre l’expression de cet amour.
Dans un tel contexte, on comprend que la liberté liée à une meilleure acceptation de l’existence de l’homosexualité masculine n’était qu’apparente, puisque ces relations étaient encadrées d’une manière très limitative qui ne serait pas imaginable de nos jours.
À suivre…
L’homosexualité masculine en Grèce ancienne – Partie 2 : Le « mariage pour tous », ça voulait dire autre chose à cette époque…
Téléchargez gratuitement
deux chapitres de mon nouveau livre
∞
[optinlocker]
Sélectionnez le format désiré :
epub
[/optinlocker]