C’est terminé. Votre monde semble s’etre écroulé, et vous aimeriez vous dissoudre plutôt que de ressentir cette douleur une seconde de plus. Et pourtant, il faut bien vivre et survivre…
Vos émotions vous crient que c’est la fin de tout bonheur, et pourtant une voix rationnelle essaie de vous rappeler, contre toute espérance, que tout passe…
Parfois, tandis que fait rage en nous la tempête, on a besoin de se raccrocher à quelque chose de rationnel. Il est alors bon de savoir que comme toute perte importante, la peine d’amour est un processus de deuil, qui comporte des étapes logiques et identifiables. Voici les diverses phases que vous pouvez vous attendre à traverser :
- Effondrement, dévastation : La souffrance vécue est extrême et on a l’impression que ca va durer pour toujours. Il y a une sensation d’irréel, comme si on était dans un horrible cauchemar dont on va se réveiller d’un moment à l’autre. C’est comme si la vie venait de perdre tout son sens et ne valait plus la peine d’être vécue. Il se peut que vous soyez assailli-e par des idées suicidaires. Si c’est le cas, parlez-en à vos proches, ou contactez le centre de prévention du suicide. Vous vous demandez comment vous allez passer au travers, vous êtes complètement vidé-e, « à terre ». Parfois, la douleur trop aigue alterne à une impression d’être une coquille vide qui ne ressent plus rien. Alors que la tendance naturelle est de vouloir faire taire au plus vite les émotions trop intenses que l’on ressent à ce moment-là, il est bon au contraire de se rappeler que le seul chemin vers la sortie est « à travers ». Il n’y a pas de raccourci, ni moyen de l’éviter si on veut vivre sainement son deuil. Vivez le moment présent, avec tout ce qu’il apporte de noire dévastation. En vous rappelant que ca ne dure pas éternellement.
- Sevrage : Toute relation amoureuse répond à un certain nombre de besoins, même les relations qui vont très mal. C’est la raison pour laquelle il est si difficile d’en sortir. L’effet de « manque » produit par la disparition de l’autre correspond à celui ressenti par les drogués en l’absence de leur substance. Vous etez agités, obsédés par le vide laissé par le départ de l’etre aimé. Vous ressentez le besoin presque constant de reconnecter avec la personne que vous avez perdue. Vous y pensez à chaque minute. C’est souvent à cette étape que le besoin de connexion amoureuse poussera certaines personnes à s’engager hâtivement dans une nouvelle relation visant à remplir le vide, que l’on qualifie de « rebound ». Inutile de préciser que ce mécanisme n’est pas le plus adéquat pour traverser votre rupture, car il vous évite d’accomplir une chose fondamentale : redévelopper votre autonomie à répondre à vos propres besoins. Dans cette phase, il est utile d’identifier tous les besoins auxquels l’autre personne répondait, afin d’apprendre ou réapprendre à répondre soi-même à chacun des besoins en question. Il vous faisait rire? Peut-etre souhaiterez-vous développer un regard plus humoristique et amusé sur la vie en général. Elle vous valorisait? Il serait temps d’envisager de reconnaitre par vous-même votre valeur personnelle et vous auto-féliciter de vos bons coups, pas seulement attendre que la valorisation vienne de l’extérieur. Cet exercice m’a, par le passé, permis de découvrir que j’étais restée «accro» à un de mes ex en raison de l’intensité qu’il apportait dans ma vie. J’ai alors été déterminée à créer moi-même dans ma propre vie l’intensité que je recherchais. Ca n’a pas tout réglé, mais c’est devenu beaucoup plus facile de gérer la sensation de sevrage.
- Colère : La colère peut prendre diverses cibles. Dans une rupture, on est souvent faché contre plus d’une personne. Etre en colère contre l’autre va de soi. À celle-ci peut s’ajouter la colère contre un tiers, si par exemple votre conjoint vous quitte pour une nouvelle personne. Mais on oublie souvent de s’avouer qu’on est souvent aussi en colère contre soi-même, pour un millier de raisons bonnes ou mauvaises. Cela peut donner lieu à des comportements auto-destructeurs comme l’alcoolisme, les troubles alimentaires, ou encore l’auto-mutilation. Reconnaitre sa colère est encore le meilleur moyen de la traverser, mais il faut se rappeler que certaines facons de l’extérioriser sont plus constructives que d’autres. Pour ceux qui envisagent de rester amis ou ne serait-ce que de recroiser l’ex amoureuxe, comme c’est souvent le cas chez les polyamoureuxes puisque la communauté est très petite et que tout le monde connait tout le monde, c’est le temps de se montrer prudent-e avec les manifestations de colère, car certaines choses dites ou faites pourraient blesser l’autre au point de rendre impossible les contacts futurs. Pour dire les choses comme elles sont : plus vous foutrez la merde, plus il y en aura à ramasser après. C’est pourquoi même si votre colère est tout à fait normale et sans doute légitime, il vaut peut-être mieux ventiler votre ressentiment auprès de votre psy ou votre chien que sur FB ou sur la place publique. Mon truc infaillible est d’écrire des lettres, dans lesquelles j’écris toutes les horreurs qui me passent par la tete, mais que je n’enverrai jamais à la personne concernée. Ca fait un bien fou, et ca ne blesse personne. Parfois, la colère qu’on ressent n’a pas de cible particulière ; On est en colère contre les circonstances, contre le mauvais timing, contre l’Univers en entier mais personne en particulier. Toutes les formes de colère sont possibles et normales. Les identifier permet de mieux les vivre et les gérer. Une partie de la colère qu’on ressent peut provenir du rejet vécu. Le deuil amoureux est différent d’autres formes de deuil en ce qu’il comporte une atteinte à l’estime de soi, au sentiment de sa valeur personnelle ou au sentiment d’etre adéquat, soit en tant qu’amoureuxe, soit en tant que personne de manière plus générale. On se demande pourquoi on n’est pas assez ceci ou trop cela. Il n’est pas rare qu’une rupture soit suivie d’une crise identitaire, surtout si la rupture met en cause une relation de longue date ou implique une vie de famille bien établie. Soudain, on ne sait plus qui on est.
- L’acceptation : Ca ne veut pas dire que vous ne ressentez plus de tristesse occasionnelle, mais vous ressentez enfin qu’il y a une vie après l’autre, que tout n’était pas fini. C’est peut-être même nouveau départ. Vous recommencez à prendre gout à de nouveaux projets, voyez ce que la vie a encore à vous offrir et envisagez les choses positivement. Certaines blessures mettront encore du temps à guérir. Mais elles ne sont plus aussi à vif que dans les phases précédentes. Vous commencez à avoir une vision plus globale des événements entourant la rupture, et cela vous amène à intégrer certaines lecons de vie qui vous permettront de donner un sens à cette expérience douloureuse. Ces apprentissages à propos de vous-mêmes et des autres feront désormais partie de votre bagage et vous outilleront afin de mieux vivre d’éventuelles relations futures.
Notez que si les étapes du deuil sont décrites dans un ordre numéroté, il y a des moments oû l’on progresse puis recule. Des journées au cours desquelles on va revivre toutes les étapes en accéléré. Et des phases dans lesquelles on va rester « coincés » plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Le but de cette description n’est pas de vous dire comment vous devez vivre votre deuil, ni quelles émotions vous devriez ressentir. Seulement de vous aider à mieux vous comprendre. Ou de vous offrir une bouée à laquelle vous raccrocher, en vous rappelant que tout ce que vous vivez est normal et fait partie d’un processus qui a un début et une fin.
Affectueusement,
Hypatia
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