Marie-Claude L'Archer - Le blogue

Le polyamour était une nécessité

par | Mar 30, 2016 | Non classé | 2 commentaires

Une monogame très convaincue

Ne vous y trompez pas ! Hypatia n’a pas toujours été polyamoureuse. Contrairement à plusieurs d’entre vous qui sentez que vous êtes nés comme ça, je ne suis pas tombée dans la potion du polyamour étant petite. J’avais adhéré très fort aux idéaux de la monogamie, et j’ai commencé la vie maritale bien jeune : J’avais 23 ans et Victor 21 ans lorsqu’on s’est mariés! Mon éducation religieuse m’avait équipée de 1001 manières d’éviter le péché d’adultère, tentation suprême, et je dois dire que la monogamie nous a assez bien réussi pendant plusieurs années. Il y a d’ailleurs une partie de moi qui reste convaincue que si on ne peut pas réussir un couple monogame, il y a peu de chances qu’on puisse réussir des relations polyamoureuses ; après tout, deux relations amoureuses, c’est plus exigeant qu’une seule, et trois encore plus.

Pour réussir dans le polyamour, il faut être doué pour l’amour tout court. Si vous êtes pas capable de jongler à trois balles, c’est pas en rajoutant plus de balles que vous allez devenir meilleur par magie…

Le refus de l’infidélité

Mais la vie te fait rencontrer des personnes extraordinaires avec qui ça connecte super fort, même si tu essaies d’éviter ça parce que tu es déjà en couple. Je n’aimais pas du tout l’idée de l’infidélité, alors je « faisais un nœud dedans », comme on dit (mes lecteurs européens me pardonneront cette expression très québécoise. Ça veut tout simplement dire « s’abstenir »).

Mais je trouvais incroyablement injuste de ne pas pouvoir vivre ce que je sentais que j’avais à vivre avec ces autres personnes dont je tombais amoureuse. J’étais assez révoltée par l’idée qu’une relation qui naissait de nobles sentiments de connexion, de désir, de complicité et de plein de choses positives était transformée en quelque chose de laid parce que la seule manière de le vivre aurait été l’infidélité.

Pouvoir vivre la beauté des amours multiples

Je voulais pouvoir vivre ces amours et que ce soit beau, et que ça ne brise pas la relation que j’avais déjà avec Victor et qui était belle aussi. Car c’était clair pour moi que je ne tombais pas amoureuse d’autres personnes parce qu’il me manquait quelque chose dans ma relation actuelle, un point que j’ai déjà abordé dans un précédent article. Mais on ne connaissait pas le polyamour. Au début, on n’envisageait que de s’ouvrir sexuellement à d’autres personnes, et pas chacun de son coté, mais toujours à deux. On voulait des 3-somes. En espérant naïvement que ça m’évite de tomber amoureuse lorsque ça connectait trop avec quelqu’un… (oui, vous pouvez rire de nous, c’était naïf !) Ça a tout de même fonctionné un bout : on a été échangistes pendant plus de 6 ans avant que Clio débarque dans notre vie et vienne irrémédiablement changer la donne, avec son trop-plein d’amour à déverser, et son besoin infini de recevoir elle-même de l’amour en quantité titanesque. La suite viendra sans doute dans un autre article encore !

Je résumerais cela en disant que pour moi, le polyamour était une nécessité, même si je ne le savais pas au début de mon parcours amoureux, au début de l’age adulte.

L’amour s’offre trop souvent à moi, trop abondamment pour que je puisse constamment lui tourner le dos. Le polyamour, c’est avant tout pour moi la possibilité de dire oui à l’amour quand il se présente dans ma vie.

Et vous, comment en êtes-vous venu au polyamour ?

Hypatia

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Hier, j’ai eu une mauvaise journée. J’en avais plein mon cul de tout un paquet d’affaires, incluant le polyamour. J’en avais plein mon cul de mes peurs, de mes doutes, de me sentir fragile. Pour ma défense, j’étais en plein SPM. Donc toutes mes émotions étaient amplifiées. N’empêche, une fois de temps en temps, j’aurais envie de baisser les bras et être monogame, juste pour que ce soit plus facile.

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Thème : Général